Est-ce que c’est le fait d’avoir été identifiée HPI qui a empêché ou retardé un diagnostic de TSA et de TDAH chez moi ?
Maintenant que j’ai un diagnostic TSA et TDAH 10 ans après avoir su pour le HPI, je me pose des questions. Pour être honnête, je me suis sentie légèrement impostrice au tout départ. Je me suis demandé si le HPI avait brouillé les pistes. Si on aurait pu s’en apercevoir avant. Si la première neuropsychologue avait bien fait son travail ou non.
Alors je tenais vraiment à y consacrer un article de blog. Car le HPI est souvent mis en cause sur les médias sociaux. On lit qu’on “met tout sur le dos du HPI alors que ça relève de vrais troubles”.

Alors, est-ce que c’est le HPI qui a retardé mes diagnostics ? Oui… et non.
Le HPI a masqué les signes de TSA / TDAH
Avoir un haut potentiel intellectuel m’a permis de m’adapter. De fonctionner « à peu près ». De donner le change. Le HPI a compensé certaines difficultés. Mes stratégies d’adaptation et de camouflage (ou de masquage) ont été efficaces.

Mais voilà : masquer, c’est épuisant.
Et le jour où le HPI n’a plus suffi à tout compenser — fatigue, surcharge sensorielle, burn-out — le masque s’est fissuré. Et derrière, il y avait autre chose.

On n’a jamais attribué à mon HPI des éléments liés au TSA ou au TDAH
J’ai souvent parlé du risque de sur-attribution au HPI : quand on pense que tout s’explique par ce haut potentiel. Même nos plus grandes souffrances.

J’ai toujours été consciente de ce risque. J’ai alors fait attention à ce qu’on n’attribue jamais mes grandes difficultés au fait d’être surdouée.
Dans mon cas, le HPI n’a pas été utilisé comme une excuse. Ce n’est donc pas le fait d’être identifiée surdouée / zèbre / HPI qui a retardé le diagnostic de troubles du neuro développement (TND).
Si la neuropsychologue est passée à côté du TSA et du TDAH lors de mon premier bilan, c’est que je masquais très bien. Et que je n’avais pas décrit mon quotidien en détail.

Je venais dans un but précis : trouver une voie professionnelle qui ne m’ennuie pas. J’ai alors passé un test WAIS et rempli un questionnaire afin d’évaluer s’il y avait des signes de pathologies du DSM-5, ce qu’il n’y avait pas.
En revanche, mes soucis de santé ont sûrement retardé le diagnostic, oui. Sans, mes crises auraient sûrement été identifiées plus tôt comme shutdowns ou meltdowns. Là, on les a confondues avec mes syncopes.
Il est essentiel de bien nommer les choses.
J’ai récemment co-signé une tribune pour cesser de pathologiser le HPI. En effet, si on le considère comme un trouble ou une pathologie et qu’on lui attribue de grandes souffrances, on risque de passer à côté d’autre chose.
Mais le HPI existe, et ce n’est ni une pathologie ni un mythe.

Je le précise, car on lit aussi parfois que le HPI est une invention, une mascarade. Ce genre de discours ne rend service à personne. Et je suis persuadée qu’il est essentiel de connaître son fonctionnement. Pour s’épanouir, pour comprendre nos réactions. Et même pour comprendre la façon dont ça colore d’autres troubles et nos ressources pour rebondir.
HPI et TSA, TDAH, troubles dys ou pathologies de santé mentale : ce ne sont pas des étiquettes qui s’excluent. Elles se chevauchent parfois. Et c’est justement quand elles coexistent que le repérage peut être plus difficile.

On parle de “double exceptionnalité” et je l’illustre ici.
Le HPI peut-il masquer un TSA ou TDAH ? Oui. Et on peut ne pas s’en rendre compte tant qu’on tient face à l’épuisement induit par le « masking ».
En résumé :
- Quand on a un diagnostic tardif de trouble du neurodéveloppement, ce n’est pas forcément parce qu’on a pathologisé le HPI.
- Le HPI peut masquer et compenser des TND.
- Dans mon cas, ce sont mes problèmes de santé qui ont brouillé les pistes.
- Si une difficulté est intense, persistante et handicapante, il faut continuer à creuser.
- Connaître son profil cognitif ET ses éventuels troubles permet d’avancer avec plus de justesse.

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