0
Haut Potentiel

Survivre à Noël quand on est HPI / hypersensible

14 décembre 2022

« Comment survivre à Noël quand on est HPI ou hypersensible ? » C’est une question qui revient très fréquemment dans mes emails dès l’automne. De nombreuses personnes à haut potentiel intellectuel ou hypersensibles m’ont indiqué être anxieuses à l’approche des fêtes de fin d’année. 

Pour comprendre pourquoi, j’ai mené ma petite enquête, et interrogé plein de zèbres / surdoués préoccupés par Noël.

Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une spécificité des personnes HPI ou hypersensibles. Certain.e.s aiment l’effervescence de cette période. Je crois plutôt qu’il s’agit d’une histoire de contexte, d’environnement. Un peu comme le fait de vivre sa particularité comme un cadeau, comme un fardeau, ou entre les deux

La tradition quand on est hors norme

Le point commun entre toutes les personnes stressées par les fêtes qui m’ont écrit ? La tradition. La convention sociale. Et le fait qu’elles aient découvert leur particularité cognitive récemment, et ne l’aient pas encore pleinement assumée. Elles sont encore en train de cheminer vers l’acceptation.

Quand notre façon de percevoir le monde est peu commune, quand nos choix sont atypiques, la période de Noël peut être particulièrement difficile à vivre. 

Noël atypique
Noël quand on est haut potentiel

La tradition peut renforcer le sentiment de décalage, appuyer là où ça fait mal. 

Noël, c’est ne pas montrer qui je suis vraiment. Je passe toujours les fêtes avec des personnes que je ne vois qu’une fois dans l’année. Et un peu par obligation, ou convention. On ne partage pas grand chose. Alors à table, on discute de banalités. On survole les sujets d’actualités. Ma mère me briefe toujours avant les repas de famille : “surtout, n’entre pas dans de longues explications, n’aborde pas de sujet qui fâche, retiens toi”. Je me retiens par principe et habitude, mais je trouve cela dommage de ne pas pouvoir montrer qui je suis vraiment.

Marie, 38 ans

Il y a ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, pas ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas. Noël chez moi, ce n’est pas tellement à propos de qui l’on est et de ce que l’on a envie de partager, c’est à propos de l’image qu’on renvoie. C’est une question d’apparence. On a passé Noël en famille, on va pouvoir le dire, le montrer, peu importe qu’on ait apprécié l’instant. Fêter Noël c’est respecter tout un tas de conventions sociales. C’est un faux moment de rassemblement, et avec le travail que je fais sur moi en ce moment, ça m’agace de devoir faire semblant.

Matthieu, 34 ans

Lors des repas de fêtes, on demande rarement comment ça va vraiment, ce que tu lis en ce moment, ou quel est ton dernier intérêt. On parle couple, travail, projet de famille, voyage. Pour peu que l’on se retrouve une fois dans l’année, on prend des nouvelles des uns et des autres. Les questions visent des aspects bien particuliers de nos vies, on n’entre pas trop dans les détails. Et puis on compare, on commente. C’est dans ces moments-là que le sentiment de différence peut resurgir. 

C’est une période qui pointe du doigt ce qui est peu commun. Noël quand on est HPI ou hypersensible, ça peut vouloir dire sortir du lot.

Depuis l’adolescence, mes choix atypiques sont le sujet de conversation principal des repas de fête. J’ai toujours été très “famille”, j’aime beaucoup la période de Noël, j’aime décorer les grandes tablées, chanter, danser, revoir tous les cousins. Mais au fil du temps, j’y allais tout content et je rentrais déprimé. Les adultes avaient déposé toutes leurs inquiétudes sur moi. Mes choix d’études, de carrière, d’organisation, et même mes choix amoureux ou amicaux. Ils comparaient avec les choix de mes cousins, tous sur le même chemin, et ça devenait le sujet de discussion. Tout le monde avait son avis sur ce que je devrais faire. Jamais on ne m’a demandé si j’étais heureux.

Bachir, 27 ans
repas de famille hypersensible atypique

Trop de sollicitations pour un cerveau déjà en surchauffe

Les repas de fête sont aussi souvent synonymes de grands rassemblements bruyants, particulièrement éprouvants pour les personnes très sensibles.

Parler fort, se lever, revenir à table, attendre, le bruit des couverts qui raclent contre les assiettes, les verres, les plats. Le papier cadeau froissé, l’odeur du sapin, le contact quand on m’enlace pour dire bonjour, les pulls qui grattent. Pour moi, c’est ça Noël. Un trop plein de sollicitations qui m’empêche de profiter de l’instant alors que j’aime profondément revoir toute ma famille. Mes sens sont tellement demandés à Noël que ça m’épuise

Amandine, 33 ans

Noël, en quelques mots ? Le brouhaha des gens qui parlent en même temps !

Sarah

Prendre soin de sa santé mentale à Noël

Comment on fait, alors, pour survivre à Noël quand on est atypique ?

J’avais envie de vous parler du travail du Dr Emma Hepburn, alias The Psychology Mum, une psychologue et illustratrice écossaise. Je vous laisserai découvrir son calendrier de l’avent illustré sur Instagram, qui donne plein de conseils pour prendre soin de sa santé mentale en décembre.

Et je vous présente sa “capacity cup” : 

Copyrights : @thepsychologymum

L’idée, c’est de prendre son mug de Noël préféré, et de regarder à l’intérieur.

L’espace disponible dans le mug, c’est votre capacité émotionnelle.

Est-ce que la tasse est prête à déborder ou est-ce qu’il reste de l’espace ?

Plus on s’approche du bord, moins on aura la capacité de gérer les imprévus et diverses préoccupations. Visualiser votre propre “capacity cup” permet de déterminer à quel point elle est remplie, et d’agir en conséquences.

On sait que la période de Noël peut remplir la tasse à vitesse grand V. Si on a conscience du niveau de remplissage de notre mug, on peut éviter la surcharge émotionnelle !


Pourtant, moi, j’adore Noël

J’aime beaucoup l’hiver et l’ambiance de la fin d’année. La lumière tamisée, la musique douce, un feu de cheminée, des livres, des plaids, des promenades dans la nature, la recherche du meilleur cadeau par rapport à la personnalité d’untel, l’odeur du chocolat chaud ou du vin chaud, les biscuits à la cannelle…. Pour moi, Noël, c’est ça. J’ai toujours préféré les conversations en face à face aux grandes tablées. J’ai plaisir à voir ma famille mais j’aime pouvoir vraiment discuter avec eux, de vrais sujets, alors je préfère aller les voir séparément plutôt qu’organiser un grand repas le soir de Noël. Ou les appeler longuement si on habite loin. 

En fait, tout est question d’environnement, et d’ajustements. 

Maintenant, je refuse les invitations aux grands repas de fête. Je reste chez moi, au chaud, je lis un bouquin ou je regarde un film. Et je viens le lendemain, avec du café et des gâteaux. On passe un meilleur moment et on discute vraiment ! Mais ça reste atypique comme façon de faire alors… ça fait quand même jaser lors du repas de la veille !

Matthieu, 34 ans

Et vous, quel est votre rapport aux fêtes de fin d’année ? Si les fêtes vous angoissaient, avez-vous trouvé des petites astuces pour « survivre à Noël quand on est HPI ou hypersensible ? »

Je vous souhaite, à tous.tes, de très beaux moments en cette fin d’année, qu’ils soient solitaires ou partagés, doux ou bruyants !

joyeux Noël zèbre

Si cet article vous a plu, si vous appréciez la lecture sans encart publicitaire ou affiliations sur le blog, ou si vous aimez tout simplement mon travail, n’hésitez pas à le soutenir en partageant les articles, les illustrations sur les réseaux, en parlant des livres, ou en commandant des petites choses sur la boutique ! Ça m’aide énormément, et j’y ai ajouté de jolies petites cartes de Noël et même des affiches à télécharger pour décorer vos cabinets de thérapie, pour servir de support pédagogique, ou pour faire passer des petits messages à vos proches ou collègues tout en douceur !

Les livres BD Rayures et Ratures sur le HPI

You Might Also Like

5 Comments

  • Reply Bobin 14 décembre 2022 at 20 h 25 min

    Noël, période compliquée entre plaisir de voir mes enfants (j’ai quatre garçons plus leurs copines) et inquiétude de me retrouver au milieu du bruit. Je m’octroie des pauses où je m’isole. Merci Chloé pour ce joli article. Et joyeuses fêtes.

    • Reply Rayures et Ratures 16 décembre 2022 at 17 h 50 min

      Merci, très bonnes fêtes à vous alors, entre moments partagés et moments ressources !

  • Reply Emmanuel 19 décembre 2022 at 22 h 19 min

    Beaucoup de bruit, une grosse fatigue, mais un plaisir de revoir la famille. Un côté madeleine de Proust, un rappel annuel d’une enfance où impatiemment nous attendions le lendemain pour ouvrir les paquets cadeaux, où nous jouions avec les cousins, regardions un film tard le soir et profitions de toutes ces friandises sur la table.
    J’ai aujourd’hui plus de mal avec ce moment, surtout parce-que travaillant dans un magasin de jeux, j’arrive à cette période totalement lessivé par le travail. Et c’est de fait plus compliqué de supporter le bruit, et de se coucher tard. Mais cela reste un moment que j’aime, de traditions et de rencontres.

  • Reply Natacha 27 décembre 2022 at 11 h 55 min

    Merci pour votre article. Pour ma part, pour la première fois j’ai assumé ma vision de Noël en ne faisant « rien ». Je n’ai rien organisé car le plus important pour moi est de vivre, communiquer la symbolique de Noël tous les jours de l’année. Donc je mets rien entre des guillemets, car en réalité je fais tous les jours. Mais je peux tout à fait participer aux conventions sociales dans le but de faire plaisir à celui qui ne fonctionne pas comme moi. Ce qui m’importe c’est ma liberté de penser, de sentir. L’ouverture à la différence va dans les deux sens….

  • Reply Natacha 27 décembre 2022 at 12 h 03 min

    Je voudrais compléter mon commentaire en disant que je partage aussi votre vision dû face à face. Depuis ma tendre enfance, je n’ai jamais aimé les grands rassemblements pour les mêmes raisons.

  • Leave a Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

    error:
    Votre panier