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Haut Potentiel

HPI : peut-il masquer un TDAH ou un TSA chez l’adulte ?

18 juin 2025

Est-ce que c’est le fait d’avoir été identifiée HPI qui a empêché ou retardé un diagnostic de TSA et de TDAH chez moi ?

Maintenant que j’ai un diagnostic TSA et TDAH 10 ans après avoir su pour le HPI, je me pose des questions. Pour être honnête, je me suis sentie légèrement impostrice au tout départ. Je me suis demandé si le HPI avait brouillé les pistes. Si on aurait pu s’en apercevoir avant. Si la première neuropsychologue avait bien fait son travail ou non.

Alors je tenais vraiment à y consacrer un article de blog. Car le HPI est souvent mis en cause sur les médias sociaux. On lit qu’on “met tout sur le dos du HPI alors que ça relève de vrais troubles”.

quand le HPI masque un TSA ou TDAH

Alors, est-ce que c’est le HPI qui a retardé mes diagnostics  ? Oui… et non.

Le HPI a masqué les signes de TSA / TDAH

Avoir un haut potentiel intellectuel m’a permis de m’adapter. De fonctionner « à peu près ». De donner le change. Le HPI a compensé certaines difficultés. Mes stratégies d’adaptation et de camouflage (ou de masquage) ont été efficaces. 

HPI compense les difficultés du TSA

Mais voilà : masquer, c’est épuisant.

Et le jour où le HPI n’a plus suffi à tout compenser — fatigue, surcharge sensorielle, burn-out — le masque s’est fissuré. Et derrière, il y avait autre chose.

quand le masque du TSA tombe

On n’a jamais attribué à mon HPI des éléments liés au TSA ou au TDAH

J’ai souvent parlé du risque de sur-attribution au HPI : quand on pense que tout s’explique par ce haut potentiel. Même nos plus grandes souffrances. 

le HPI n'est pas un trouble

J’ai toujours été consciente de ce risque. J’ai alors fait attention à ce qu’on n’attribue jamais mes grandes difficultés au fait d’être surdouée.

Dans mon cas, le HPI n’a pas été utilisé comme une excuse. Ce n’est donc pas le fait d’être identifiée surdouée / zèbre / HPI qui a retardé le diagnostic de troubles du neuro développement (TND).

Si la neuropsychologue est passée à côté du TSA et du TDAH lors de mon premier bilan, c’est que je masquais très bien. Et que je n’avais pas décrit mon quotidien en détail. 

signe différentiel autisme et HPI

Je venais dans un but précis : trouver une voie professionnelle qui ne m’ennuie pas. J’ai alors passé un test WAIS et rempli un questionnaire afin d’évaluer s’il y avait des signes de pathologies du DSM-5, ce qu’il n’y avait pas.

En revanche, mes soucis de santé ont sûrement retardé le diagnostic, oui. Sans, mes crises auraient sûrement été identifiées plus tôt comme shutdowns ou meltdowns. Là, on les a confondues avec mes syncopes. 

Il est essentiel de bien nommer les choses.

J’ai récemment co-signé une tribune pour cesser de pathologiser le HPI. En effet, si on le considère comme un trouble ou une pathologie et qu’on lui attribue de grandes souffrances, on risque de passer à côté d’autre chose. 

Mais le HPI existe, et ce n’est ni une pathologie ni un mythe.

le HPI existe

Je le précise, car on lit aussi parfois que le HPI est une invention, une mascarade. Ce genre de discours ne rend service à personne. Et je suis persuadée qu’il est essentiel de connaître son fonctionnement. Pour s’épanouir, pour comprendre nos réactions. Et même pour comprendre la façon dont ça colore d’autres troubles et nos ressources pour rebondir.

HPI et TSA, TDAH, troubles dys ou pathologies de santé mentale : ce ne sont pas des étiquettes qui s’excluent. Elles se chevauchent parfois. Et c’est justement quand elles coexistent que le repérage peut être plus difficile.


 On parle de “double exceptionnalité” et je l’illustre ici.

Le HPI peut-il masquer un TSA ou TDAH ? Oui. Et on peut ne pas s’en rendre compte tant qu’on tient face à l’épuisement induit par le « masking ».

En résumé :

  • Quand on a un diagnostic tardif de trouble du neurodéveloppement, ce n’est pas forcément parce qu’on a pathologisé le HPI. 
  • Le HPI peut masquer et compenser des TND.
  • Dans mon cas, ce sont mes problèmes de santé qui ont brouillé les pistes.
  • Si une difficulté est intense, persistante et handicapante, il faut continuer à creuser.
  • Connaître son profil cognitif ET ses éventuels troubles permet d’avancer avec plus de justesse.


Livres rayures et ratures surdoués

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2 Comments

  • Reply Jean-Michel Fontaine 18 juin 2025 at 20 h 15 min

    Les diagnostics m’ont apporté des réponses. Souvent des bonnes, parfois des mauvaises, mais jamais les solutions.

    Ils ont mis des mots sur mes maux, mais jamais sur ce que j’en fais. Et ce que j’en suis.

    HP. Bipolaire. Dyspraxique. Autiste. TDAH. Ce ne sont pas des identités, ce sont des balises. Et parfois, des balafres.

    J’ai mis longtemps à comprendre que ce n’était pas mon intelligence qui me fatiguait, mais l’effort constant pour l’enrober de normalité. Colmater les brèches pour que mon sous-marin personnel ne soit pas envahi de toutes parts.

    Je me suis longtemps senti comme une voiture engagée par erreur dans une course de vélos. Trop rapide pour ne pas me faire remarquer, trop différent pour être compris. Alors j’ai freiné. J’ai contourné. J’ai feint la panne. Mais quand on passe sa vie à rouler au ralenti, on finit par caler de l’intérieur.

    Plusieurs burn-out ont agi comme des mises à jour forcées. Avec, à chaque fois, un diagnostic nouveau pour expliquer la panne : « dépression », « bipolarité », « haut potentiel », et finalement « autisme ». Mais la vérité, c’est qu’aucun diagnostic ne m’a réparé. Ils m’ont permis de reconfigurer la carte, pas de retrouver le nord.

    C’est l’épuisement qui m’a révélé. Le point de rupture, pas le point de départ. Tant que j’ai pu compenser, je n’ai pas compris. Tant que j’ai pu masquer, je n’ai pas cherché.

    Alors oui, je me retrouve dans ce que tu dis, ma chère Chloé. Ce n’est pas le HPI qui a masqué mes autres différences, c’est moi. C’est mon besoin d’être accepté, d’être performant, d’être reconnu. C’est ma peur que, si je laissais tomber le masque, personne ne m’aime pour ce que je suis.

    Mais il y a un paradoxe cruel, que tu nommes avec justesse : le masque protège, mais il isole. Il donne le change, mais il ne donne plus la vie. Et un jour, on n’a plus la force de le tenir.

    Alors on tombe. Ou plutôt : on s’effondre en silence, comme une cathédrale vidée de ses fidèles. Et ce vide, ce n’est pas une fin. C’est peut-être le seul vrai début.

    Depuis que j’ai été diagnostiqué TSA, je ne suis pas devenu une autre personne. Mais je suis devenu un peu plus moi-même. J’ai cessé de croire que mes différences étaient des anomalies à corriger. J’ai cessé de vouloir plaire à tout prix, pour enfin apprendre à me respecter.

    Merci pour ton texte. Il m’a touché. Il m’a validé. Il m’a ramené à moi. Et il me conforte dans tout le bien que je pense de toi depuis que j’ai découvert ton blog en 2016, au moment de mon premier bilan neuropsy.

    • Reply Rayures et Ratures 23 juin 2025 at 8 h 00 min

      Un immense merci pour ce témoignage Jean-Michel, il est très touchant et très juste. Et cette phrase en particulier : « Ce ne sont pas des identités, ce sont des balises. »
      J’ai vraiment envie de creuser ce sujet de l’épuisement qui fait apparaître tout ce qui se cache en nous et que l’on compense ou masque avec plus ou moins d’efforts.

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