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Autour du Haut Potentiel

HPI, dyslexique et passionné par les livres

3 février 2023

Arthur, 8 ans, est un enfant avec une double exceptionnalité. Twice exceptional, comme on dit outre atlantique. C’est-à-dire qu’il a à la fois un haut potentiel intellectuel (HPI) et un trouble. Dans son cas, il s’agit de la dyslexie et de la dysgraphie, des troubles spécifiques d’apprentissage qui concernent l’écriture et la lecture. Eh oui, c’est possible. On peut cumuler HPI et dyslexie/dysgraphie ou autres troubles dys. On peut être HPI dyslexique.

Pour plus d’informations (illustrées) sur le haut potentiel vous pouvez lire cet article. Pour en savoir plus sur les troubles dys, c’est par ici. 

Dans celui-ci, on va parler d’Arthur. Avec sa double exceptionnalité, son HPI, sa dyslexie… mais aussi et surtout avec toutes les facettes de sa personnalité !

enfant précoce dyslexique

C’est une histoire qui m’a été racontée à deux voix. La sienne, et celle de sa maman Marlène. 

Un profil d’enfant surdoué 

Arthur a, comme il dit, “une passion démesurée pour les livres”. Aimer les livres fait souvent partie des clichés sur les surdoués. Mais c’est aussi souvent vrai quand même, ce n’est pas moi qui vais vous dire le contraire ! 

Arthur observe le monde depuis tout petit. Il a commencé à parler très tôt, a manifesté une grande curiosité et un intérêt pour les histoires et les livres dès ses premiers mois. Il semble en avance dans plusieurs domaines, et très très éveillé. Alors, de l’extérieur, on voit un petit garçon avec un profil d’enfant précoce. Stéréotypé, peut-être, mais c’est un profil que l’on reconnaît. 

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Il ne passe pourtant pas les tests à l’époque. Il est d’abord trop petit, puis lorsqu’il arrive en âge de le passer on le déconseille finalement aux parents. Ils risqueraient de “poser une étiquette sur leur enfant”, et “c’est dangereux”.

Je comprends cette appréhension concernant le fait de poser une étiquette, de s’enfermer dans une case. Mais en ayant les bonnes informations, l’étiquette ne stigmatise pas, elle se transforme en outil. La case n’enferme pas, on peut l’utiliser comme tremplin ! 

Le haut potentiel intellectuel d’Arthur semblait évident pour tous les adultes dont il croisait le chemin. Pédiatres, enseignants, parents de camarades.

“Son HPI n’a pas eu d’impact sur la manière dont nous nous en occupions. Nous ne lui avons pas parlé de ça. On a continué à faire comme s’il était un petit garçon comme les autres. En revanche, cela a eu de l’impact sur nos attentes vis-à-vis de lui. C’était inconscient, involontaire, mais quand il revenait de l’école avec une mauvaise note ou butait sur un exercice, on s’énervait. On savait qu’il était capable de mieux, on ne pensait pas qu’il pouvait réellement avoir des difficultés”.

Marlène, la maman d’Arthur

Et pourtant. 

J’ai été très touchée par le témoignage de cette maman. Et il me donne envie de répéter qu’on peut être HPI et avoir des difficultés. Elles ne découlent pas forcément du HPI, mais nécessitent d’être prises en compte. Parce qu’on n’utilise pas les mêmes ressources pour aider un enfant à surmonter ses difficultés quand il est HPI. Et parce qu’elles peuvent cacher autre chose. Comme un trouble dys.


L’apparition des difficultés à l’école

La difficulté principale d’Arthur, c’était l’apprentissage de la lecture. Elle est apparue assez tôt, mais Marlène et son mari n’ont pas tout de suite perçu cette difficulté.

Il faut dire qu’Arthur a de nombreuses ressources et capacités pour se débrouiller, contourner les obstacles, résoudre les problèmes. Il est très ingénieux, comme me le racontent ses parents. Et depuis tout petit, quand il voit un livre, ses yeux pétillent.

“Au début, on n’a rien remarqué. On pensait qu’il savait lire. Il retenait en réalité tout par coeur, jusque dans le geste de tourner la page. On lisait énormément avec lui, il connaissait tous les livres, il suffisait de le lire une fois pour qu’ensuite il puisse le lire seul avec nous. Il tournait les pages au bon moment, mettait les doigts sur les mots. On n’a vraiment rien vu venir. Quand on avait un nouveau livre, il était silencieux. Mais comme c’est un petit garçon très curieux et très observateur qui a besoin d’un moment avant d’être à l’aise, on n’y a pas prêté attention non plus. Pour nous, c’était simplement un temps de découverte nécessaire pour lui. “

Marlène

Longtemps, son intérêt pour les histoires, l’objet livre et les phrases, a donc masqué sa dyslexie. 

Mais si la douance et l’intérêt d’Arthur pour les livres cachaient sa dyslexie à la maison, les problèmes sont survenus à l’école. Les enseignants savaient qu’il avait des capacités, et il répondait toujours juste à l’oral. Pourtant, il avait beaucoup de mal à restituer, à faire un devoir. Il a rapidement eu de mauvaises notes et ses bulletins scolaires avaient toujours les mêmes appréciations.

Le corps enseignant reconnaissait ses capacités, mais n’avait pas compris qu’elles masquaient une difficulté. Une difficulté qui n’a rien à voir avec la volonté.

Quand on a face à soi un petit garçon avec un excellent vocabulaire, qui saisit des concepts abstraits, participe beaucoup à l’oral et percute rapidement, on ne pense pas une seconde à la dyslexie. On n’imagine pas qu’il puisse être HPI dyslexique. Arthur ne semblait pas avoir le profil de l’enfant dyslexique. Il expliquait oralement à ses camarades comment résoudre un exercice, sans parvenir à le faire lui-même à l’écrit. 

L’incompréhension de la réalité que vit Arthur retentit sur l’estime qu’il a de lui-même, et sur son comportement. 


Le diagnostic de trouble dys

C’est à ce moment-là que les parents d’Arthur commencent à s’inquiéter. 

Il y a d’un côté un mal-être à l’école, avec de mauvais résultats. Il est évident qu’il y a un blocage quelque part.

D’un autre côté, il y a de grosses crises de colère à la maison, liées à de la frustration. 

Marlène ne comprend pas tout à fait d’où vient cette frustration, mais sait qu’elle est là, et qu’elle rend le quotidien de tous très compliqué. Alors, elle décide de consulter une psychologue. Au départ, pour lui apprendre à “gérer la frustration”. 

La consultation fera bien plus que ça. Et les crises d’Arthur, incompréhensibles au départ, finissent par prendre du sens.

Lors de la consultation, Arthur arrive à expliquer qu’il a une réelle difficulté avec la lecture. Il s’ouvre et exprime parfaitement ce qu’il ressent, pour la première fois. Marlène, sa maman, n’en revient pas. Arthur explique que pour lui, le seul intérêt de l’école, c’était de pouvoir lire ses livres seul. Mais alors que ses camarades progressent, lui n’arrive pas. Il ne comprend pas pourquoi il n’y arrive pas, et ça l’énerve. Il se sent nul, et s’isole. Il avait deux amis avec lesquels il partageait sa passion des histoires et des livres, mais il s’en éloigne par honte de ne pouvoir suivre et parler de ses lectures. Il tourne en rond. Il est frustré, effectivement, mais ce n’est pas le cœur du problème. 

Marlène et la psychologue prennent conscience qu’il y a une réelle difficulté. Ce n’est pas “simplement” un problème de comportement, de maturité, de gestion de la frustration, et ce n’est pas lié au HPI.  

« Ça m’a fait mal au cœur de le voir comme ça. Mais ça m’a fait du bien qu’il réussisse à exprimer tout cela. Je savais alors qu’on pourrait avancer.”


Les ajustements

Arthur passe alors, sur les conseils de la psychologue, un bilan orthophonique et cognitif.

Les résultats sont francs. Arthur a une dyslexie qui n’est pas phonologique mais visuo attentionnelle. 

Arthur a un excellent raisonnement verbal, confirmé par les tests, et nous pensions que c’était signe qu’il n’avait pas de dyslexie. Pourtant si. L’évaluation nous a permis de comprendre le contexte global et ses besoins pour faciliter ses apprentissages. On a encore du chemin à faire mais on sait qu’on va dans le bon sens.

Marlène

Grâce au diagnostic et aux ajustements qui vont suivre, Arthur va pouvoir cesser d’accumuler du retard dans les apprentissages. Il a 8 ans, ce qui est finalement assez jeune, et est très motivé et bien accompagné. Il va donc sans nulle doute rattraper son retard.

Depuis le diagnostic et l’interview pour cet article, il a d’ailleurs retrouvé goût à la lecture, et sait presque lire seul avec fluidité

Le diagnostic lui a permis d’avoir une prise en charge à l’école. On lui a proposé une méthode adaptée à son processus d’apprentissage de la lecture. 


La solution d’Arthur : les livres audio

Pour satisfaire son appétit de lecture et abaisser la frustration qui allait avec, Arthur a trouvé sa propre solution : les livres audio.

On lui reproche souvent, ajoute sa maman. On lui dit que ce n’est pas de la lecture…

Mais grâce aux livres audio, Arthur gagne du vocabulaire, s’instruit, ouvre son horizon, et se fait plaisir. Il satisfait sa passion pour les livres d’une autre manière. Il les assimile mieux, et dévore les ouvrages. Cela le permet d’en discuter ensuite avec ses amis, et de ne plus se sentir à l’écart. Marlène, sa maman, ajoute qu’ils pratiquent la lecture visuelle également, évidemment. Mais qu’ils ont cessé de la mettre en avant. 

On n’oppose plus les styles de lecture. Ce qui est important, c’est de lire et de ne pas le dégoûter de son intérêt littéraire en raison de sa difficulté d’apprentissage.

Marlène

Quelques recommandations de livres pour enfants dyslexiques

J’avais déjà partagé quelques recommandations d’outils, méthodes ou livres sur les troubles DYS ici.

Voici un article de blog également qui propose de nombreuses collections de livres adaptés aux enfants dyslexiques.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui !


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Les livres Rayures et Ratures

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